L’intermédiaire

L'éveil de l'âme aquarelle intuitive d'Ophélie www.linktr.ee/ophelie.camelia

L’éveil de l’âme
aquarelle intuitive d’Ophélie Camélia
http://www.linktr.ee/ophelie.camelia

 

Quelle est cette voix qui vient de me sortir de mon endormissement ?

Moi qui ai tant de mal à trouver le sommeil depuis ma tendre enfance.

J’avais réussi à me laisser bercer par les couleurs qui se trouvent derrière mes paupières quand j’arrive à faire le calme.

Le calme, cette quête qui m’est impossible de jour comme de nuit.

Mais par moment, par je ne sais quel miracle, le calme s’invite car n’arrivant pas à trouver le sommeil, je regarde derrière mes paupières.

Il fait noir quand on ferme les yeux, chez moi il fait noir mais pas très longtemps, et ces couleurs, ces formes qui déambulent devant mes yeux m’empêchent de trouver le sommeil.

Depuis bébé je n’aime pas dormi, mais pourquoi ?

Et si je savais depuis le début, le pourquoi.

Ces choses, ces visions m’appellent, me font peur, et je ne veux plus les voir, les ressentir.

Mais ce soir, j’étais calme, je me laissais enivrer par cette valse de couleurs qui me relaxait, jusqu’à ce que cette voix me murmure mon prénom et nom.

Oui, c’est bien moi qu’elle nomme mais en quelques secondes le doute s’installe, la valse des couleurs s’interrompt pour faire virevolter mon prénom et nom à toute vitesse.

Je ne comprends pas le but de cette accélération, comme pour faire disparaitre cette évidence, comme pour me faire perdre mon identité.

Pourquoi douter ? Je connais mes parents, il y a pleins de photos de moi enfant, le prénom c’est celui que mes parents ont choisi, une chose est acquise je n’ai pas été adoptée.

Non c’est plus profond, ce n’est pas mon prénom, mais mon nom.

Un nom de famille est transmis naturellement, j’ai une dizaine d’années et je sais comment fonctionne la transmission du nom patronymique, le nom de famille.

Çà y est je touche la corde sensible, famille, je ressens viscéralement que nous ne faisons pas partie de cette famille, pas seulement moi mais ceux qui s’appellent comme moi, comme mon père.

J’ai touché le but et la voix apparait pour me confirmer que ma recherche ne fait que commencer et approuve mon diagnostic.

J’ouvre les yeux, mon coeur bat la chamade et je réalise que nous avons perdu un lien avec notre famille, mais je le sais, je connais une partie de l’histoire, mais une autre se dévoile.

La voix c’était celle d’un homme âgé, calme, bienveillant et triste.

Je n’arrivais plus à me rendormir, j’avais eu de multiples rencontres nocturnes auparavant, mais celle ci pour une fois apaisante, venait de soulever un secret de famille.

Je me lève et d’une façon bouleversée mais déterminée, je rejoignais mes parents assis confortablement devant la télé, comment allais-je les prévenir ?

Comment allais-je dire à mon père, qui avait déjà traversé l’abandon de son père, qui n’avait pas encore compris tous les mensonges ou les non-dits de cet abandon, qu’en plus la base était erronée dès le début.

Comment allait-il réagir face aux élucubrations de cette gamine, pourquoi n’avais-je pas dans un corps d’adulte pour être prise au sérieux.

Depuis l’enfance je pleure ce cerveau trop évolué dans un corps d’enfant, à qui on répète de rester à sa place et qui ne serait pas doué de compréhension selon les adultes.

A défaut de m’exprimer avec le vocabulaire présent dans ma tête, je m’entête à essayer de me faire comprendre tant bien que mal, en hurlant, en me rebellant, je suis petite,.

J’hurle dans ma tête ma colère de ne pas être comprise, ma colère de ne pouvoir verbaliser le vocabulaire riche et précis, qui reste malgré moi cloisonné dans cette tête.

Je n’ai pas ma place ici, les adultes ne m’écoutent pas, pourtant j’ai tellement de choses à partager avec les adultes, tellement de questions sur ces présences, ces ressentis qui m’accompagnent depuis si longtemps.

Mais comment se faire entendre quand on ne vit pas dans le même monde, et qu’on ne parle pas la même langue.

Pourquoi est-il aussi simple de communiquer avec eux, et pas avec les adultes de mon monde.

Pourquoi faut-il respecter des codes, des manières.

Pourquoi ne pas laisser s’exprimer ce qui est évident.

Pourquoi réfléchir à arrondir les choses, pour ne pas froisser, ne pas choquer.

Pourquoi ne veulent-ils pas entendre la vérité, les vérités.

Pourquoi un enfant ne serait-il pas capable de sentir les choses, les émotions, les traitres, les amis, les dangers, les solutions.

Pourquoi un enfant serait-il cantonné à se taire, à obéir, à jouer et subir le diktat des adultes sans dire qu’il est conscient de son potentiel et celui des autres.

N’est-ce pas cela qu’être humain, savoir vivre en communauté et accepter les capacités de chacun, n’est-ce pas se pousser les uns les autres vers ce qu’il y a de plus beau en nous ?

Mais revenons à cette gamine debout sortant du couloir toute penaude qui ne sait pas par où commencer.

Qui sait qu’il est tard, qu’elle va se faire rouspéter car comme d’habitude elle ne dort pas encore.

J’ai pris mon courage ou ma peur à deux mains, je ne sais lequel a été le plus dominant, mais il fallait que j’extériorise cette information trop lourde à porter.

Le résultat ne fait pas attendre, des sourires, des gros yeux.

On me somme d’aller me coucher qu’il est tard et que demain il y a école.

Le sourire de mon père me rassure, lui qui veille tard toutes les nuits, lui avec qui j’échange de plus en plus sur des bizarreries du monde.

Cette information passera inaperçue pendant des années, jusqu’à ce que…

Comme toutes mes révélations bizarres, inexpliquées, que je ressens le jour, la nuit, en demi sommeil ou dans des rêves extrêmement prenants.

Comme cette autre donnée, ma date de naissance qui résonne faux, comme si j’étais née 2 jours trop tard, incompréhensible, et sans importance je me focalise malgré moi sur le 21 Mars, cette date veut dire, quelque chose mais quoi ?

Quand je serai grande, je chercherai, je trouverai, à moins que ce soit à quelqu’un d’autre de chercher et de trouver, je ne serai peut-être finalement qu’un intermédiaire.

Un intermédiaire entre eux et les adultes.

Un intermédiaire entre ceux partis et ceux que je fréquente.

Un intermédiaire entre les morts et les vivants.

Un intermédiaire de la vie… 

 

Cynthia B.